Un mythe est un récit qui met en scène
des personnages imaginaires; c'est aussi, bien souvent, une légende...
Hercule, par exemple, est un héros mythologique. Chaque civilisation
possède ses propres mythes : la Grèce antique, la cité
romaine, etc.
Le 24 juin 1996, j'ai été invitée
par l'école de Lagny dans l'Oise, au sein de la classe de M. Pétel,
un CM2, pour accomplir avec les enfants une réalisation artistique,
en l'espace d'une demi-journée. J'ai extrait de la mythologie antique
grecque plusieurs récits, dont un frappa plus particulièrement
l'imagination de mes interlocuteurs : écoutez plutôt!
es Danaïdes sont
les filles de Danaos, roi d'Argos. Elles étaient cinquante. Danaos
avait un frère, Egyptos, qui avait cinquante fils. Le roi d'Argos,
en bon père de famille économe de ses deniers, projeta d'unir
cousines et cousins germains et de fêter en une seule fois les cinquante
mariages. La dépense serait relativement minime, les dérangements
seraient moins nombreux, et cela le débarasserait de ce souci angoissant
pour un père. L'idée n'était pas mauvaise. Un seul
point noir troublait le cerveau paternel. N'avait-il pas ouï dire
que l'un de ses neveux, devenu son gendre, avait l'intention de rayer son
oncle et beau-père de la liste des vivants? Cette perspective n'était
pas de son goût. Un de ses neveux? Un de ses gendres? Lequel? Comment
choisir dans la quantité? Sa perplexité disparut devant une
détermination soudaine. Il enjoindrait tout simplement à
ses filles, à ses chères filles, de poignarder leur époux
respectif _ chacune le sien _ dès la première nuit de noces.
Dociles aux ordres de l'auteur de leurs jours, les Danaïdes exécutèrent
le programme tracé, sauf une, Hypermnestre, qui épargna son
époux, Lyncée, lequel n'épargna pas Danaos, afin de
ne pas contrevenir à la prédiction. Les autres surs, filles
trop obéissantes mais peu tendres épouses, furent punies
impitoyablement. Zeus les précipita dans le noir Tartare, les condamnant à puiser éternellement
de l'eau pour remplir un tonneau percé de mille trous : le tonneau
des Danaïdes.»
Je n'avais pas raconté seulement cette histoire-là aux
enfants ; elle faisait partie du cycle «orphique» et j'avais
intitulé notre travail commun «Eurydice perdue deux fois».
Mais pourtant c'est cet étrange rapport père-fille qui
resurgit particulièrement dans les illustrations à l'aquarelle
exécutées par les enfants, dont une surtout, belle et suggestive,
retint mon attention. Elle a été dessinée avec beaucoup
de talent, par une fille (en doutiez- vous?) Emilie de Cobecq, 11 ans.
TARTARE
: C'est le lieu le plus terrible des Enfers où les méchants
et les criminels expient éternellement leurs fautes et leurs forfaits.
On y découvre pêle-mêle les âmes des fourbes et
des hypocrites, des assassins et des parjures.